Instruments transpositeurs
♫ mercredi, octobre 2nd, 2013Si les choses semblent claires pour les bois, il règne une certaine ambiguïté pour les cuivres. Le but de cet article est d’essayer de clarifier les choses. Rappelons qu’avec un instrument transpositeur l’ oeil et l’oreille ne perçoivent pas la même chose.
Par exemple un corniste lit et joue un Do mais l’auditeur entend Fa.
Le but des instruments transpositeurs est de permettre à l’instrumentiste de changer d’instrument en gardant le même doigté.
Prenons par exemple le saxophoniste.
Dans les deux cas les notes écrites et le doigté sont les mêmes.
La tessiture de ces instruments est clairement établie dans le grave.
Il y a quelques exceptions -par l’ajout d’une note comme le saxo baryton qui peut descendre jusqu’au La au lieu du Si bémol des autres saxophones -ou une note en moins pour le cor anglais qui ne descend qu’au Si au lieu du Si bémol du hautbois.
Quelque soit l’instrument, la tessiture est moins précise dans l’aigu car elle dépend des capacités de l’instrumentiste.
Cette simplicité est due à la sophistication des bois, par des trous et des clefs qui permettent de sélectionner les partiels (ou harmoniques).
La difficulté des cuivres vient paradoxalement de leur simplicité.
En effet, un cuivre est ,historiquement,un simple tube évasé avec une embouchure qui émet une note ,dite fondamentale , et ses partiels ou harmoniques. La sélection de ces sons supplémentaires se fait simplement,si j’ose dire, par la manière de souffler dans ce tube. Le son 1 Fondamental ou son Pédale est lié à la longueur du tube.
La simple lecture de cette série met déjà en évidence un premier groupe de problèmes.
1-Les notes graves évoluent par saut
2- il faut atteindre le 7ème son pour avoir une suite conjointe de notes
3- certaines notes ne sont pas diatoniques et,de plus, sonnent faux dans notre système tempéré.
4-La série ne fournit pas toutes les notes chromatiques.
Nos instruments chromatiques modernes sont donc -une association de plusieurs tubes(trompette,trombone complet,cor) qui fournissent les notes manquantes ou des notes plus proches du système tempéré.
Cette association de tubes se fait par
-l’ajout de pistons ou de coulisse qui allongent la longueur du tube initial .
-voire par la fusion de deux instruments, comme le cor (F-Bb) ou le trombone ténor complet, permutés grâce à une clef
Avec 3 pistons on obtient 7 combinaisons qui correspondent donc à 7 trompettes rudimentaires couvrant chromatiquement un intervalle de triton Donc une trompette dite Sib comprend Une trompette en Bb (la plus aiguëe) , une trompette en A,… en Ab, G, F#, F, E (la plus grave)
Même chose avec les 7 positions de la coulisse du trombone.
Un petit tube supplémentaire (Barillet) permet de transformer,par exemple, la trompette Bb en trompette en A ( la plus grave sera alors une trompette en Eb) mais avec nombreux défauts)
Avec 4 pistons on couvre l’octave, comme certains saxhorns, ce qui permet d’atteindre plus facilement la fondamentale ou note pédale Mais le 4 ème piston ne veut pas forcément dire que la tessiture de l’instrument est augmentée . Il permet souvent une amélioration de la justesse de certaines notes (mais peut aussi entraîner des problèmes qui demandent l’ajout de pistons supplémentaires.
Un second groupe de problèmes est dû à l’impossibilité de couvrir l’ensemble de la série harmonique par un seul instrument.
Seuls les instruments de gros diamètre peuvent atteindre la fondamentale (note pédale).
Seuls les instruments de faible diamètre peuvent dépasser l’harmonique 7
Mais le rapport diamètre/longueur du tube a également son importance pour atteindre la fondamentale. Ce qui explique que des instruments comme la trompette ou le trombone peuvent atteindre certaines notes pédales et pas d’autres et que le 4ème piston des tubas n’augmente pas forcément la tessiture.
La forme de l’embouchure a également une importance dans la sélection des harmoniques; ce qui a une influence sur le timbre et certaines fondamentales qui, bien que pouvant être atteintes, n’ont pas la puissance nécessaire. Ainsi le saxhorn basse
(tuba ) descend aussi bas que le saxhorn contrebasse mais les notes en sont plus faibles,par contre son étendue est bien plus importante. Cependant ce tuba basse n’est vraiment effectif que dans l’étendue
Attention de ne pas confondre avec le Tuba Basse Bb grave qui utilise une embouchure de cor et dont l’ étendue est
sonnant à la seconde inférieure
Tout cela explique la difficulté d’exprimer clairement la tessiture des cuivres d’autant que les facteurs d’instruments multiplient les adaptations qui améliorent le jeu de l’instrumentiste.
Un troisième groupe de problèmes relève de la nomenclature et facture des instruments
La première difficulté est
-le nom de l’instrument qui ne correspond pas forcément au registre. Par exemple, le saxhorn Basse a la même étendue que le saxhorn contrebasse Eb mais les notes graves n’ont pas sa puissance.
-le nom correspond a des instruments différents selon les pays- par exemple les bombardons désignent les saxhorns Contrebasse ou inclus les Ténor- basses.
D’autres part le terme tuba se réfère à un groupe inhomogène de cuivres basses dans diverses tonalités ou spécifiquement au saxhorn basse (en ut ou Bb) et contrebasse (en Bb) –
-il y a confusion entre registre et groupe instrumental .
C’est le cas du baryton (saxhorn) et de l’euphonium Bb souvent confondus mais qui sont d’ un groupe différent(et donc de timbre différent ) . La gamme complète des euphoniums Jupiter devrait mettre fin à cette confusion.
La deuxième difficulté est la confusion possible entre tonalité du « tube d’origine » et le son réel.
Par exemple le trombone est un instrument en Bb car en première position , (le tube le plus court) émet un Bb et ses harmoniques mais c’est un instrument en Ut ( sous entendu non transpositeur) car le tromboniste lit Bb et l’auditeur entend Bb.
Attention car les tubas modernes suivent cette logique contrairement aux anciens tubas qui sont transpositeurs.
Enfin il y a des conventions d’écriture déroutantes
-Absence d’armature avec les instruments anciens (Naturels)
-Ecriture en clef de sol pour les « tuben » qui on un doigté commun mais qui sonnent à la sixte (instrument Eb) ou à la 9 ème pour les instruments en Bb (qui sont donc transpositeurs) suivant ainsi la logique des saxophones. On trouve cette pratique dans les » brass band »de l’armée du salut où toutes les parties , à l’exception du trombone basse,sont écrites en clef de sol.
-Mais ,pour les mêmes instruments, on peut également trouver soit
-La même écriture en clef de Fa sonnant ainsi à la tierce mineure supérieure pour les instrument Eb ou à la seconde majeure inférieure pour les instruments Bb (=instruments transpositeurs)
. soit -L’écriture en clef de Fa en sons réels (instruments non transpositeurs). Le problème est fréquent à l’euphonium .
La raison est quelque peu historique: quand on a voulu combler le manque de tubistes par des trompettistes plus nombreux mais qui ne connaissaient que la clef de sol et le doigté des instruments à 3 valves ( alors que les euphoniums sont généralement à 4 valves) . Il se trouve qu’avec le même doigté , une note jouée en clef de sol sonne à une 9 en dessous -(et sonnerait une sixte en dessous avec un instrument en Eb) .
L’autre raison historique est la nomenclature des octaves reposant sur la longueur des tuyaux d’orgue.Le seuil de perception d’un son correspond à un tuyau de 64 pieds.
-32 pieds correspond au Do grave de la contrebasse 5 cordes
-16 pieds correspond au Do grave du violoncelle
-8 pieds correspond au Do grave de l’alto.
La voix de ténor s’écrivant à l’octave supérieur, le saxhorn baryton (16 pieds) s’écrit en clef de sol.Par contre, le saxhorn Basse s’écrit comme une basse en clef de fa mais étant un 16 pieds sonne dans le même registre que le baryton.
Les contrebasses, s’écrivent comme la basse mais étant des 32 pieds sonnent à l’octave inférieur.
On a donc
Baryton-Basse____Clefs différentes —Même son
Basse contrebasse—Sons différents—-Même clef
Les « vrais » tubistes jouent en clef de Fa ,en sons réels avec un doigté qui est spécifique à l’instrument . Sans piston le trompettiste joue un sol (en clef de sol) alors que ce doigté correspondra au Fa (en clef de fa ) pour le tubiste;avec les pistons 1-3
le ré du trompettiste deviendra le Do du tubiste qu’il fera avec 1-3 ou 4 au choix.
L’ambiguïté en clef de sol provient de la large étendue de l’euphonium La partie encadrée est elle en sons réels écrite pour tubiste ou en écriture transposée pour trompettiste. Pour lever l’ambiguïté je recommande d’écrire plûtot les sons réels en clef d’ut 4ème
L’ euphonium est en Bb mais selon la logique du trombone exposée plus haut et donc non transpositeur)/
En général les partitions de tuba sont écrites pour tuba en ut dans une tessiture très grande. C’est le tubiste,grand spécialiste de la transposition, qui choisit le tuba le plus adapté à la tonalité du morceau. En pratique la difficulté est donc l’écriture pour orchestre d’harmonie et principalement chez les amateurs ,non férus de la transposition . Le plus simple est de partir de la tessiture de la trompette.
Le saxhorn baryton à 3 pistons est à l’octave inférieur
La contrebasse en F s’écrit une quinte et la contrebasse en Eb une sixte en dessous du baryton (mais seulement à partir du sol)
Les basses et contrebasses en Bb s’écrivent à l’octave en dessous du baryton mais toutes les deux partent du sol et la contrebasse s’arrête au sol.
Le trombone ténor et le baryton ont la même tessiture ainsi que l’euphonium et le trombone basse qui ont l’avantage d’ étendre leur ambitus d’un triton dans le grave Les cors embrassent l’étendue de la trompette et du baryton
cependant il faudrait théoriquement diviser l’étendue en cors graves (II-IV) et aigus (I-III)
En réalité on écrit
Voici l’étendue prudente en sons réels des saxhorns utilisés dans les harmonies
Pour les notes pédales il est prudent de les éviter aux trompettes et trombone ténor (les réserver au trombone basse).
Pour les cors elle ne sont utilisable qu’avec le tube Bb mais il est prudent de les éviter au delà de la seconde pédales (E) .
Lors de l’écriture pour un instrument spécifique, il est préférable de consulter l’instrumentiste et ne pas oublier, quelque soit le niveau de l’instrumentiste les règles d’écriture mélodique : rester le plus possible dan le registre médian et approcher progressivement et conjointement les extrêmes.
Voir également
Plus de renseignements sur les transpositions
Tableaux des principaux cuivres (notation et equivalence en son réel